JLzF/WESOPE. les quitta done la delTus, & s'en alia faire un petit Billet qui con-tenoit ces paroles. Neclenabo confejfe devoir a Lycerus mille talents de tribute Lc jour fuivant comme il fut de retour vers le Roy, la premiere chofe qu'il rif, ce fut de luy prefenter ce billet. Alors avant que le Roy 1'ouvrift, il fe leva-un bruicfc confus parmy fes Confeillers, qui difoient tout haut: Ce n'eft pas chofe nouvelle, nous avons ouy cecy de long-temps, & Je favons veritablement. Ce qu'oyant Efope: Tant mieux, s'ecria-t'il: puis que vous con-feflez ainfi la debte, je vous en remcrcic bien fort. Voila cepen-dant que le Roy ne fut pas de cet advis 5 car a ce mot de debte 6c de confeflion: Je ne dois rien a Lycerus, dit-il a fes gens: & tou-tesfois il n'y a pas un de vous qui ne temoigne contrc rnby. Ces paroles do Roy leur firent a l'inftant changer d'opinion, & dire les uns aux autres $ nous n'en f^avons rien, & n'en avons janiais ouy parler. Tant mieux encore, adjoufta Efope; & s'll eft ainfi, comme vous 1'afleurez, voftre queftion eft vuidee. Sur cela, Neclenabo plus econn6 que jamais: II faut advoiier, dit-il, que le Roy Lycerus eft heureux, d'avoir en fon Royaume Line telle iburce de doctrine. Il fit done compter a Efope I'argent du Tribut accorde entr'eux, & le renvoya paifiblement. Depuis eftant de retour en Babylone, il raconta de poin<5t en poind: a Lycerus, tout ce qu'il av.oit fait en Egypte, & luy-donna le tribut que Nedtenabo luy en-voyoit: Pour recompenfe dequoj, Lycerus luy fit eriger une ftatue d'or. Quelque temps apres, Efope ayant refolu de faire un voyage en Grece, pria Je Roy de luy perrnettre de s'y en aller. Ce que luy eftant accorde, il prit conge de luy, & partit de Babylone, a condition neantmoins qu'il y retourneroit, 6c y pafTeroit le refte de fes jours. Or apres qu'il euft bien voyage par routes les villes de Grece, &donnede merveilleufes preuves de fon fcavoir, il s'ad-vifa de s'en aller en Delphes. Et d'autant que ceux du pais Foui-rent tres-volonticrs parler, fans que toutes-ibis ils le refpe&afTent autrement, & fans qu'ils luy fiiTent aucune forte d'honneur$ Efope s'adrelTant a eux: Hommes Velpbiens, leur dit-il, je vien de niavi-fer tout maintenantj que vous rejjemblez^ d quelque piece de bois qui va Jiottant fur la Mer. Car ceux qui la voyent de loin, lors que les va-gues fagitent, simaginent d'abord que cefl quelque chofe de grand prix : mak lors quon en efl pres, ton trouve que ce nefl rien qui vaille. De cette mefme fagon, lors que fefiois bien eloigne de voftre vilie, je vous admirois comme des perfonnes qui me fembliez^ valoir beaucouf, &> mer her de grandes lotianges: mais depuis mon arrivee en ce lieu, je me fuis veu bien trompe, vou-b ayant trouve /plus inutiles que torn les autres. Ceux