LaFud' ESOVE. donna un coup d'aifk a I'Efcarbot, puis il mit le Lievre eri pieces, & le mangea. I/Efcarbot offenfe de cette injure, s'envola avec TAigle, pour ftavoir ou elle faifoit fon nid5 & n'y fuft pas pluftoft entrX que roulant fes ceufs du haut en bas, il les caffa tous 5 l'Aigle offcnfee qu'il y euft eu quelqu'un fi hardy que d'ofer entreprendre :ela, s'advifa de faire fon nid plus haut: mais 1'Efcarbot s'y en re- toi 4 na; & jetta pour la deuxime fois fes ceufs en bas. Ne fachant done plus quel confeil prendre, elle s'envola vers Jupiter (car on nent qu'clle eft en fa protection) &mit a fes genoux la troifieme portee de fes ceufs, qu'il luy recommanda, le priant de les avoir en fa garde. Mais rEfcarbot ayant fait comme une pilule des fiens, monta droit auCiel, cc les mit dant le /ein de Jupiter, qui fe leva tout incontinent pour fecoiier cette ordure: & ainfi ne fe fouve- nant plus des ceufs de fon Oyfeau, il les laifTa cheoir en bas & les cafTa. Depuis, comme il euft appris de 1'Efcarbot, qu'il avoit fait cela expres pour fe vanger de l'Aigle, qui ne l'avoit pas feulement olfenfe, mais commis une impiet manifefte, contre luy mefme, ayant meprife ce dont elle l'avoit inftamment requis 5 il luy en fit une reprirrjande a Ion retour, luy difant que 1'Efcarbot avoit eu raifon de la perfecuter ainfi. Jupiter doncne voulant point que lat race des Aigles defaiJlit 5 fut d'avis que 1'Efcarbot fe reconciliaft avec l'Aigle: mais luy d'en voulutrien faire. Ce qtiifutcaufe que Jupiter ordonna pour le mieux, que les Efcarbots n'eufferit a pa- roiftre durant tout le temps que les Aigles pondroient leurs ceufs. Cda vous doit apprendre, Melfieurs de Delphes, a ne meprifer point ceDieu, chez qui je me fuis refugie, quoy que fon Temple foit moindre qu'il ne luy appartient. Car affeurez-vous qu'il ne laiflera amais impunie Timpiet^ des Mechans. Efope tenoit celangage aux Delphiens, qui luy temoignoient de sen foucier fi peu, qu'ils ne laiflbient pas pour celade le menerau fupplice. Voyant done qu'il ne les pouvoit flechir en fagon quel-conque, il fe mit a leur faire cet autre conte. Hommes cruels & meurtriers, rcprit-il, donnez-vous la patience d'ecouter ce que j'ay encor a vous dire. Il y euft jadis un Laboureur, qui devenu vieux aux champs, pria ceux de fon logis de le mener a la Ville, a quoy /a cunofite le portoit pour n y avoir jamais efte. Ces gens attelerent ^continent des afnes a un chariot, fur lequel ils mirent le pauvre fieillard, 6c le laiflerent aller tout feul. Voila cependant qu'en paP font chemin, lair fe couvrit tout a coup par la violence des pluyes ^de l'orage. Ainfi 1'obfcurite fut caufe que les afnes fe fourvoy-erent, & qu'ils jetterent dans une fofT 1'infortun^ Viellard, qui penfant a ion mal-heur5 Helas! Jupiter, difbit-il, en quoy t'ay-je ffenfe, pour eftre ii miferablement mis a mort, non par des che- avux