LaVied"ESOVE. vaux courageux, ny par de bons tk forts mulets, mais par de mal-heureux afnes ? C'eft de la mefme faon que je m'attrifte, pourcc que ce ne font pas des gens de courage & dnonneur qui me font mounr 5 mais des hommes de peii, & qui ne peuvent eftre pircs qu'ils font. Cela dit, fur le poinci: qu'ils le vouloient precipker, il leur raconta cette autre fable. II advint un jour, qu'un Hon> me envoya fa Femme aux champs, pource qu'eftant amoureux de fa Fille, il avoit envie d'en abufer, comme en erTe<5t il riy manqua pas. Et ce fut alors que cette pauyre Fille toute dolente fe voy-ant prife par force; Helas! dit-elle a fon Pere, que tu fais la une chofe abominable! Certes j'aymerois beaucoup mieux eftre des-honoree de plufieurs, que de toy qui m'as engendree. Je vous fais aujourd'huy le mefme reprocne, 6 mefchans Delphiens, & vous protefte qu'il n'eft point de Scylle, &de Charybde, ny> point de Syrtes en Afrique, ou je ne cherchafTe a me perdre, pluftoft que de mourir indignement, & fans caufe. Je maudis voftre pays, & appelle les Dieux a t^moin de voftre Injuftice, bien afleure que je fuis qu'ils exauceront ma priere, 6c me vangeront. Il euft a peine acheve de parler ainfi, qu'ils le precipiterent du haut d'un Rochcr, & voila quelle fut la fin de fa vie. Quelque temps aprs, la Contagion s'eftant mife parmy eux, ils confulterent l'Oracle, qui leur repondit, Qu il falloit exper la mort d'Efoye. Sgachantdonc bien qu'eux feulement en 6toient coupables, ils luy dreflferent une Pyra-mide. Depuis les principaux d'entre les Grecs, & les plus f^avans hommes de ce temps-la, eftans advertis de la fin tragique d'Efope, s'en allerent tous en Delphes, ou s'eftans enquis de ceux qui avoient eft6 Autheurs de fa mort, ils en firent la vengeance cux-mefmes. .