8 De la Grenouille, & dw Renard. FABLE IV. LA Grenouille fortie de fon Marefcage, s'en alia dans les Forefts, oudevant les Beftes fauvages, elk voulut faire profeflion de Medecine, fe vantant qu' Hippocrate ni Galien n'en favoient pas davantage qu'elle. Les autres Beftes la creurent d' abord, hormis le Renard. qui fe mocquant d'elle 5 Comment fe peut il faire, dit-il, que cette Villaine, qui a la bouche fi pajle &fi livide, fqacbedes remedy aux maladies ? Si cela eft, pourquoy ne fe guerit-elle ? En effet, ce trait de raillerie que luy donna le Renard 5 ne fut pas mauvais: car la Grenouille a les lcvr.cs de couleurbleue, 6c toutes fletries. DISCOURS MORAL. C'Eft une fotife, & chofe digne de mocquerie de fe vanter de ce qu'on ne fgait pas. La Grenouille eft icy mocquee par le Renard pour s'attribuer une gloire qui ne luy eft aucunement deue. Combicn a t'elle aujoum huy d'imitateurs en la perfonne des Charlatans qui flatent les hommes pour les perdre. Ce font des fourbes qui n'ont ny Science ny Methode, &c qui fe vantant de toutf^avoir traitentles Malades de Remedes, qui font plutot de fecondsmaux. Apprenons done de cette Fable a nepascroire legerement ces fortes de gens qui nebutentqu*a leur avaritage, fans fe foucier du notre 3 imitons 1c Renard en examinant fi ceux qui fe vantent de bien fgavoir une Science la fgavent erTedive-nient, 5c ne foyons pas fi credules que d'ajouter foy a toutes fortes de Difcours 3 crainte que cela ne tourne a notre honte, 5c a notre rume. FAB. IV.