Le Bievre. FABLE XIX. 11 nous en devons croire les Maximes des Philofophes, les Ca-ftors demeurent la plufpart dans les Marefcage $ Les tefticu-les du Caftor font fouveraines pour plufieurs chofes qui regar-dent la Medecine, & c'eft la Caufe que quand il aper^oit les Vc. neurs s'approcher de luy, il eft fi. induftrieux que par un Inftinft naturel qull a, il s'arrache les tefticules, & les laiffe aux chaf-feurs, & par cette violence qu'il fe fait, il.trouve le moyen de fauverfavie. DISCOURS MORAL. ne font pas les plus hautes Inftmctions des Philofophes qui _j difpofent au mefpris de la Mort, & a la fouffrance des cala-mites. Car comme il eft plus aife de poutfer un cheval a toute bride que de le retenir au milieu de la Carriere, il eft de mefme bien plus difficile de degourdir noftre Ame, Farmer contre les mi-feres, & la porter dans le chemin de la Confolation, que d'arreftet tout a coup fes mouvemens, quand la bonne Fortune, ou la peur de Mort l'emporte avec violence au de-la de fes limites. Le Bievre en cette Fable nous apprend, combien il importe de deftourner les maux de la vie avec un bon & prevoyant Confeil, a quoy s'accorde le fentiment d'un memorable Poete en Angleterre. Laforee qui n a-point le Confeil pour fouftien, Se deftruit cTelle me[me, &.ne vaut jama'is rien. La vie eft douce, & il vaut mieux eftre demembre en fon Corps, que de fourf rir la violence des cruels & fanguinaires perfecuteurs. 11 eft vray que nous tenons de la naiflance un certain Inftincl: qui nous porte ordinairement aux actions qui tendent a la conferva-tion de noftre vie, & qui fe fortifie par l'experience 5 II eft done bon que nous fuivons cet Inftinct, fi nous voulons reulfir agre-ablement en nos Actions 3 a quoy certes il eft difficile que nous manquions, nous lai{fans conduire aux fecrets mouvements des chofes auquelles l'lngenieufe Nature nous a fait naiftre. Cette bonne Mere veut que fes Enfans ne s'efgarent point des fecxetcs Inftructions qu'elleleur a marquees. F/iB.