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LaVied'ESOVR ment, pource qu'il n'y avoit pas un de fes amis qui tuft capable d'entendre la queftion de la Tour. 11 s'affligea done d'une eftrange forte, difant qu'en Efope il avoit perdu la ...
Show more LaVied'ESOVR ment, pource qu'il n'y avoit pas un de fes amis qui tuft capable d'entendre la queftion de la Tour. 11 s'affligea done d'une eftrange forte, difant qu'en Efope il avoit perdu la principale colomne de fon Eftat. Cependant Hermippus ne pouvant fouffrir le Roy dans une peine, dont il connoifToit la caufe, le fut trouver aufll-toft, & luy dit qu' Efope vivoit encore, & qu'il ne l'avoit point voulu tuer, pource qu'il fe doutoit bien qu'a la fin le Roy mefme en pourroit eftre fache. Cette nouvelle plut grandement a Lycerus, a qui le pauvre Efope fut amen6 tout crafleux & plein d'ordure. Le Roy le voyant en fi piteux eftat, en fut fi touch6 de compaf-fion 3 qu'il en repandit des larmes, & commanda qu'on euft a le mettre dans le Bain, & a l'equiper d'une autre fa^on. Ces chofes s'eftant ainfi paiTees, Efope fe juftifia du crime dont Ennus l'avoit charge, & repondit fi pertinernment aux caufes de fon accufation, qu'il n'y a point de dome, que le Roy connoiflant fon innocence, euft fait executer Ennus, fi Efope ne Teuft prie de luy faire grace. En fuite de tout cecy, Lycerus donna la Lettre de Nectenabo au fubtii Efope, <qui ne l'euft pas pluftoft leue, que fc,achant par quel moyen il falloit refoudre cette queftion, il fe mit a fire, & fit e"crire a Nectenabo, qu' incontinent que 1' Hy ver feroit pafle, on luy envoyeroit des Ouvriers, qui luy baftiroient fa Tour, &un Honlme qui repondroit a toutes ces queftions. Lycerns renvoya done les Ambanadeurs d' Egypte, puis remit Efope en fa premiere admi-niftration, &luy rendit Ennus., avec tons les biens qu'il -pofledoit auparavant. Ennus eftant remis en grace, Efope l'accueillit fi genereufe-ment, qu'il ne le voulut facher en rien 3 au contraire, il le traitta mieux que jamais, & comme fon propre fils, luy donnant plu-iieurs belles InftruCtions, dont les principales furent celles-cy. Mon fils, ayme Dieu fur toutes cbofes, & rend a ton Roy Fbonneur que tu es oblige de luy rendre. Monftre-toy redoutable a tes Ennemis, de feur quits ne te mefrifent: mais traitte courtoifement tes Amk, leur efiant doux & affable, four les obliger a ten aymer davantagt Souhahe encore que tes Ennemis deviennent malades% & quils foient pauvres, pour empkher quils ne tepuiffent nuire : mais fur toutjou-vien-toy de prier pour tes Amis. Ne te fepare jamais d'avec ta femnie, de peur quelle ue venlle faire ejfay d'un autre homme : Car les fen-mes tiennent cela de leur fexe, ai eftre naturellement volages, &*m<0 j portees au mat, quand on les fqait avoir par flatterie : Ne prefte point | I'oreille a des paroles legeres, <& ne parle que fort peu. Au lieu Javier ceux qui te font du bien, rejoay-toy de leur profperite, autrem$ tant plus tuferas envieux, ta?itplus tu en recevras de dommage. So) foigneux de tes Vomeftiques^ afin quils ne te craignentpas feulemwh COV0
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La Vie /ESOPE ____________________________________33 co leur Maiftre, mats quils te reverent aujfi, comnie leur bien-faiteur. N'aye point de honte de viei/iir, en apprenant toufiours de jveil...
Show more La Vie /ESOPE ____________________________________33 co leur Maiftre, mats quils te reverent aujfi, comnie leur bien-faiteur. N'aye point de honte de viei/iir, en apprenant toufiours de jveilleures chofes. Ne dkouvre '-point ton fecret a ta femme, &fcache (tu'elle efpiera fans fin Foccafion de te pouvoir maiftrifer. Amajfe tons les jours quelque chofe pour le lendemain^ car il vaut beaucoup mieux niourir, &* laiffer du bien a fes ennemis, que vivre & avoir- befoin de fesAmk. Salu'e volontiers ceuxque tu rencontres, is te reprefente we la queue du Chien domie du pain a fon Maiflre. Ne te repens ja-mak deft re homme de bien. Chafe de ta maifon le medifant, <& tien pur certain, quil ne manquera point de rapporter, & tes paroles, & tes affions. Ne fay rien qui te puijfe attrifter, & garde-toy de t'affliger ies accidens qui iadviendront. Rejette un mauvais Confeil, <& ne fuis point la faqon de vivre des mechans. Voila quelies furent les Infractions d'Efope a Ennus fon Fils adoptif, qui le toucherent (I avant dans Tame, qu'eftant frapp comme d'une fleche, tant par la remonftrance d'Efope, que par le remors de fa conscience, il en mourut quelques jours apres. Apres qu'Efope euft fait venir a Coy tous les Oyfeleurs duPays, il leur commanda qu'ils eufTent a luyapporter quatre Pouilins d'Aigle. Les ayant eus, il les noucrit a fa mode, & les drefla d'une etrange forte 5 a quoy toutesfois nous n'adjoutons pas beau-coup de foy. Car il leur apprit en volant bien haut, a porter dans des corbeilles certains Enfans pendus a leur col 5 & les i'qeut fi bien accoutumer a leur obeyr, que ces Enfans les faifoient voler ou bon leur fembloit 5 c'eft a dire auiii haut, ou aufli bas qu'ils vou-loient. L'Hyver eftant done paffe, environ le commencement du Prin-temps, il apprefta tout cequ'il jugea neceflaire pour un tel voyage, principalement les Aigles, & les Enfans, avec lefquels il s'en alia en Egypte, ou tous ceux du pays furent fi etonnez des marveilles qu'il leur fit voir, qu'ils ne f^avoient qu'en penfer. Cependant le Roy des Egyptiens ne f^eut pas pluftoft Tarrivee de cet Homme extraordinaire, que fe toiirnant vers quelques-uns de fes Amis: Je ji|is tromp6, leur dit-il, car j'avois ouy dire qu'Efope eftoit mort, i que toutesfois il /bit icy plein de vie. Le lendemain Nedie- (ainfi fe nommoit le Roy) commanda que fes Confeillers a fe veftir de robbes blanches, & pour luy il en prit une rouge, fe mettant fur la tefte une couronne de pierrerie. En cet jpage5 s'eflant affis en fon Throne, il fit appeller E/bpe, qui a peine entre, qu'il luy demanda tout haut: A qui me compares-lJ Efope, &> ceux qui fo?it avec moy ? Au Soleil du Printemps, repon-"jtEfope, <& tes Confeillers aux Effics meurs. Cette reponfe donna "e 1 admiration au Roy, qui luy offrit de grands dons. Le jour K d'apr^s
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d'aor6s s'dbn7^i?6 de s'habillerTu contraire de la journce pit cedentc, a ftavoir d'une robbe blanche, il en fit prendre dc rouges afesamis: puis quand Efope fut derechef entr6 5 Quepenfes-tu...
Show more d'aor6s s'dbn7^i?6 de s'habillerTu contraire de la journce pit cedentc, a ftavoir d'une robbe blanche, il en fit prendre dc rouges afesamis: puis quand Efope fut derechef entr6 5 Quepenfes-tu Je moy luy die il, <? de ceux qui font I Ventour de ma perjonne i Je u compare au Soleil, r^pondit Efope, & ceux qui tenviro?ine?it en font comme les rayons. Certainement, reprit Neaenabo je n eftime rien Lycerus an Prix de moy. A ces mots, le bon Efope founant, o fa continua-ul, ne park point fi kgerement de Lycerus 5 Car[yu fais un paraklle de ton Regne avec ton Peupkflreluira comme le SoleiU mavs Itu viens a tegaler a Lycerus, il sen faudra Men peu que tout cet eclat ne Paroijfe une obfcurlte. Neftenabo bicn etonne de ccttc r^ponfe, faitc fi foudaincment, & fi apropos: Eft-il vray, luy dit-il que to nous as amen6 des MalTons pour bate la Tour? II eft vray en effet, repondic Efope, & Us font fi prdls, qu il ne refte plus qua kur monftrcc lclieu ou tu veux qu on Me ks baftimens. Le Roy fortit de la villc en mcfme temps, & le mena dans une large campagne, ou il luy fit voir i'endroit quil avoit dc-ja marque. Efope amena done aux quatre coins de la place les quatrc Aigks, &c ks quatre jeunes garcons pendus aux corbeilles: puis leur ayant mis en main a chacun unoTruelk, ou tel autre inftrument de Maffon il commanda aux Aigks de s'envoler: Elks s eflcvercnt incontinent & lors que ces Maiftrcs ouvners fe virent bien-haur, ilsfcmircntacricrcnfcmble5 Donnez-nous des picrrcs, donnez-nous de la chaux, donnez-nous du bois & femblabks matcnaux propres a baftir. Neclenabo bien etonne de voir ces galants s elk-vet ii haut 3 Qu'eft cecy, dit-il, d'ou nous eft venue cette cngeance d'hommes volans ? Du pays de Lycerus, r^pondit Efope, qui en a quantit6 a fon commandement: & toutesfois toy qui n es qu un Homme te v^ux comparer a un Roy lemblable aux Dieux. lu as raifon reprit Nedenabo, & pour ne e'en point mentir je me confefle vaincu. Il ne me refte plus qu a te faire certaines deman des pour voir fi tu me f^auras repondre. J'ay icy, continua-til, une efpece de juments, qui me femblent bien merveilleufes. U q. land elks oyenthannir kschevaux qui font en Baby lone, cite con^oivent incontinent. Ceft a toy mamtenant a montrer, ii J cs affez habile homme pour m'en dire la caufe. Je le feray re-pondit Efope, mais ce ne fera que demam. Comme il iut done de rctour en fon logis, il fit prendre un chat par des valets, qa l'ayans empoign6, lallerent fcuettant pubhqucment par toute U villc Alors ks Egyptiens bien 6tonnez, & bien fachez tout enleni; ble de voir traider de fetes forte un Animal qu'ils avoyent en crandc veneration, accoururent tous en foule, & armchercnt I pauvre chat des mains de ceux qui le battoient5 puis s en allcrem
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La Vie d' ESOPE au Roy, pour luy dire comment 1'affaire s'eftoit pafiee. Ne&e-nabo fie a Pinftant appeller Efope, & s'eftant mis a le tancer: D'oit vient, luy dit-il, que tu as ainfi fait bat...
Show more La Vie d' ESOPE au Roy, pour luy dire comment 1'affaire s'eftoit pafiee. Ne&e-nabo fie a Pinftant appeller Efope, & s'eftant mis a le tancer: D'oit vient, luy dit-il, que tu as ainfi fait battre un Chat, que tu fais eftre un Animal, que nous reverons comme un Dieu ? Park done qui t'a oblige a cela? Seigneur, repondit Efope, ce que j'en ay fait, a efte pour vanger le Roy Lycerus: Car tu dois f^avoir que ce mau-vais Chat eft la feule caufe d'une perte qu'il a faite la nuict paffee, pour luy avoir tue fon Coq, qui eftoit vaillant ck aguerry au pof-fible, joincl que par fon chant il luy marquoit ordinairement les jieures de la nuit. Neclenabo croyant avoir furpris Efope par fes propres paroles: Je te tien, luy dit-il, n'as-tu point de home de menrir? Eft-il bien poffible qu'en une nuit, le Chat dont il eft queftion, foit alle d'Egypte en Baby lone? Pourquoy non, repondit Efope en fouri-ant, s'll fe peut faire, comme tu dis, que les juments d'Egypte con^oivent en oyant hannir les chevaux de Babylone? Par cette reponfe, il fe mit fi bien dans l'efprit du Roy, qu'il I'eftima grande-ment pour fon fgavoir, & pour fa prudence, de maniere qu'un peu apres ayant fait venir de la ville d'Eliopolis un bon nombre d'hom-mes f?avans, fort verfez aux queftipns Sophiftiques, il femita les entretenir fur la fuffifance d'Efope, & voulut que Juy-mefme fut de la partie, en un feftin ou il les avoit invitez. Comme ils fe fu-rent tous mis a table, un de ces Sophiftes attaquant Efope: Eftran-ger, luy dit-il, je t'advife que je fuis icy envoye de la part demon Dieu, pour te demander recJairciffement d'une queftion dont je fuis en doute. Efope Tayant ecout fans s'emouvoir? Tu mens, luy dit-il: car Dieu fyachant tout, ria* pas befoin de senquerir, ny d'apprenc/re que/que chofe d'un Homme. Or eft-il que tu ne iaccufes fasfeulement, mais encore ton Dieu. En fuite de celuy-cy, un autre prenant la parole: II y a, fe mit il a dire, un grand Temple, dans lequel eft un Pilier contenant douze Villes, chacune defquelles eft fouftenue de trente Poutres, que deux Femmes environnent. Efope l'oyant ainfiparler^ Vrayment, dit-il, voila une fort belle que-flion, & dont les enfans de noftre pays rendroient raifon. Le Temple e'eft le Monde, le Pilier e'eft FAn, les Villes font les Mois, les Poutres les Jours des Mois, & Je Jour avec la Nuicl: font les deux Femmes qui fuccedent 1'une a l'autre. Le lendeniain apres que Nectenabo euft fait appeller ceux de fon Confeil; Sans mentir, leur dit-il, j'ay belle peur que l'Efprit d'Efope ne nous fafTe tribu-tairesduRoy Lycerus. Avant que cela foit, repondit un de PAk femblee, je fuis d'avis que nous luy propofions des queftions, que nous-mefmes n'avons jamais f^eues, ny ou'ies. Voila qui ne va pas mal, dit Efope, mais je vous feray demain reponfe a cela. Il les
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JLzF/WESOPE. les quitta done la delTus, & s'en alia faire un petit Billet qui con-tenoit ces paroles. Neclenabo confejfe devoir a Lycerus mille talents de tribute Lc jour fuivant comme il fut...
Show more JLzF/WESOPE. les quitta done la delTus, & s'en alia faire un petit Billet qui con-tenoit ces paroles. Neclenabo confejfe devoir a Lycerus mille talents de tribute Lc jour fuivant comme il fut de retour vers le Roy, la premiere chofe qu'il rif, ce fut de luy prefenter ce billet. Alors avant que le Roy 1'ouvrift, il fe leva-un bruicfc confus parmy fes Confeillers, qui difoient tout haut: Ce n'eft pas chofe nouvelle, nous avons ouy cecy de long-temps, & Je favons veritablement. Ce qu'oyant Efope: Tant mieux, s'ecria-t'il: puis que vous con-feflez ainfi la debte, je vous en remcrcic bien fort. Voila cepen-dant que le Roy ne fut pas de cet advis 5 car a ce mot de debte 6c de confeflion: Je ne dois rien a Lycerus, dit-il a fes gens: & tou-tesfois il n'y a pas un de vous qui ne temoigne contrc rnby. Ces paroles do Roy leur firent a l'inftant changer d'opinion, & dire les uns aux autres $ nous n'en f^avons rien, & n'en avons janiais ouy parler. Tant mieux encore, adjoufta Efope; & s'll eft ainfi, comme vous 1'afleurez, voftre queftion eft vuidee. Sur cela, Neclenabo plus econn6 que jamais: II faut advoiier, dit-il, que le Roy Lycerus eft heureux, d'avoir en fon Royaume Line telle iburce de doctrine. Il fit done compter a Efope I'argent du Tribut accorde entr'eux, & le renvoya paifiblement. Depuis eftant de retour en Babylone, il raconta de poin<5t en poind: a Lycerus, tout ce qu'il av.oit fait en Egypte, & luy-donna le tribut que Nedtenabo luy en-voyoit: Pour recompenfe dequoj, Lycerus luy fit eriger une ftatue d'or. Quelque temps apres, Efope ayant refolu de faire un voyage en Grece, pria Je Roy de luy perrnettre de s'y en aller. Ce que luy eftant accorde, il prit conge de luy, & partit de Babylone, a condition neantmoins qu'il y retourneroit, 6c y pafTeroit le refte de fes jours. Or apres qu'il euft bien voyage par routes les villes de Grece, &donnede merveilleufes preuves de fon fcavoir, il s'ad-vifa de s'en aller en Delphes. Et d'autant que ceux du pais Foui-rent tres-volonticrs parler, fans que toutes-ibis ils le refpe&afTent autrement, & fans qu'ils luy fiiTent aucune forte d'honneur$ Efope s'adrelTant a eux: Hommes Velpbiens, leur dit-il, je vien de niavi-fer tout maintenantj que vous rejjemblez^ d quelque piece de bois qui va Jiottant fur la Mer. Car ceux qui la voyent de loin, lors que les va-gues fagitent, simaginent d'abord que cefl quelque chofe de grand prix : mak lors quon en efl pres, ton trouve que ce nefl rien qui vaille. De cette mefme fagon, lors que fefiois bien eloigne de voftre vilie, je vous admirois comme des perfonnes qui me fembliez^ valoir beaucouf, &> mer her de grandes lotianges: mais depuis mon arrivee en ce lieu, je me fuis veu bien trompe, vou-b ayant trouve /plus inutiles que torn les autres. Ceux
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La Vie /ESOPE. Ceux de Delphes l'oyant parler de cette forte, apprehenderent d'abord qu'il ne fe portaft a medire d'eux, pafTant par les autres Villes: Ce qui fut caufe qu'ils confpirerent me...
Show more La Vie /ESOPE. Ceux de Delphes l'oyant parler de cette forte, apprehenderent d'abord qu'il ne fe portaft a medire d'eux, pafTant par les autres Villes: Ce qui fut caufe qu'ils confpirerent mechamment contre fa vie. Pour cet effet, ils s'adviferent de prendre un flacon d'or dans le fameux Temple d'Apollon, qui eftoit en jeur Ville,& de le mettre fecrettement dans la valife d'Efope. Un peu apres, comme il ne fe doutoit aucuneitient de cette Confpiration, il fortit de Delphes, pour s'en aller a Phocide j mais les Delphiens qui le guettoient, ne manquerent point de le fuivre, fi bien que l'ayant atteint, ils s'en faifirent incontinent, & l'accuferent de Sacrilege. Il eut beau fe vouloir juftifier de leur calomnie, en niant d'avoir commis aucun larcin. Tout ce qu'il put dire, pour prouver fon innocence, ne les emp&ha point de foiiiller par force dans fes males & fes valifes,ou trouvant la phiole d'orqu'on y avoit mife, ils la prirent,& la mon-ftrerent aux Citoyens, qui en firent un grand bruit. Efope connoif-fant bien par la que c'eftoit une partie qu'ils luy joiioient mechamment, affin de Je perdre, les pria d'avoir egard a fon innocence, & de luy laiffer pafTer fon chemin. Mais au lieu de le delivrer, ils le mirent en prifon, pour avoir, difoient-ils, commis un Sacrilege bien manifefte $ & d'un commune voix ils le condamnerent a mourir. Durant ces chofes, Efope voyant qu'ii n'y avoit point de fubtilite qui fuft capable de le tirer d'un fi grand mal-heur, tout ce qu'il pou-voit faire pour fon allegement, c'eftoit de fe plaindre dans la prifon. Ce qu'apercevant undeces Amis, qu'onappelloitDamas, il luy de-manda le fujet de fa plainte,qu'Efope luy fit connoiftre en ces termes. Une Femme, dit-il, ayant depuis peu enfevely fon Mary, s'en alloit tous le jours a fon Tombeau, qu'elle arrofoit de fes larmes: II ar-riva cependant qu'un certain Paifan qui labouroit la terrealTcz pres de la, fut furpris de l'amour de cette Femme: ce qui fut caufe que delaiflant & bceufs 6c charrue, il s'en alia droit au Tombeau, ou s'eftant aflis, il commen^a de pleurer comme elie. La femme en ayant voulu f^avoir la caufe. Ce que je pleure3luy repondit le paifan, eft pour foulager le mal que je refTens de la perte que j'ay faite de ma femme, qui n'eftoit pas moins honnefte, que belle. Un pareil accident m'eft arrive,adjoufta la Femme. Puis que cela eft,continua le Paifan, & que nous fbmmes tombez tous deux en un mefme inconvenient, qui empeche que nous ne foyons mariez enfemble? Afleurement nus ne perdrons rien a cela, ny 1'un ny l'autre. Car je n'auray pas moins d'amour pour toy, que j'en avois pour ma Femme: Je veux croire auffi, que de ton cofte tu m'aymeras com-We tu as ayme ton mary. Alors cette bonne Femme prenant pour des veritez les paroles du paifan, demeura d'accord de l'epoufer. Mais tandis qu'ils en efloient a des promefTes de mariage,voila qu'un Ij Larron
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LaFud' ESOVE. donna un coup d'aifk a I'Efcarbot, puis il mit le Lievre eri pieces, & le mangea. I/Efcarbot offenfe de cette injure, s'envola avec TAigle, pour ftavoir ou elle faifoit fon ni...
Show more LaFud' ESOVE. donna un coup d'aifk a I'Efcarbot, puis il mit le Lievre eri pieces, & le mangea. I/Efcarbot offenfe de cette injure, s'envola avec TAigle, pour ftavoir ou elle faifoit fon nid5 & n'y fuft pas pluftoft entrX que roulant fes ceufs du haut en bas, il les caffa tous 5 l'Aigle offcnfee qu'il y euft eu quelqu'un fi hardy que d'ofer entreprendre :ela, s'advifa de faire fon nid plus haut: mais 1'Efcarbot s'y en re- toi 4 na; & jetta pour la deuxime fois fes ceufs en bas. Ne fachant done plus quel confeil prendre, elle s'envola vers Jupiter (car on nent qu'clle eft en fa protection) &mit a fes genoux la troifieme portee de fes ceufs, qu'il luy recommanda, le priant de les avoir en fa garde. Mais rEfcarbot ayant fait comme une pilule des fiens, monta droit auCiel, cc les mit dant le /ein de Jupiter, qui fe leva tout incontinent pour fecoiier cette ordure: & ainfi ne fe fouve- nant plus des ceufs de fon Oyfeau, il les laifTa cheoir en bas & les cafTa. Depuis, comme il euft appris de 1'Efcarbot, qu'il avoit fait cela expres pour fe vanger de l'Aigle, qui ne l'avoit pas feulement olfenfe, mais commis une impiet manifefte, contre luy mefme, ayant meprife ce dont elle l'avoit inftamment requis 5 il luy en fit une reprirrjande a Ion retour, luy difant que 1'Efcarbot avoit eu raifon de la perfecuter ainfi. Jupiter doncne voulant point que lat race des Aigles defaiJlit 5 fut d'avis que 1'Efcarbot fe reconciliaft avec l'Aigle: mais luy d'en voulutrien faire. Ce qtiifutcaufe que Jupiter ordonna pour le mieux, que les Efcarbots n'eufferit a pa- roiftre durant tout le temps que les Aigles pondroient leurs ceufs. Cda vous doit apprendre, Melfieurs de Delphes, a ne meprifer point ceDieu, chez qui je me fuis refugie, quoy que fon Temple foit moindre qu'il ne luy appartient. Car affeurez-vous qu'il ne laiflera amais impunie Timpiet^ des Mechans. Efope tenoit celangage aux Delphiens, qui luy temoignoient de sen foucier fi peu, qu'ils ne laiflbient pas pour celade le menerau fupplice. Voyant done qu'il ne les pouvoit flechir en fagon quel-conque, il fe mit a leur faire cet autre conte. Hommes cruels & meurtriers, rcprit-il, donnez-vous la patience d'ecouter ce que j'ay encor a vous dire. Il y euft jadis un Laboureur, qui devenu vieux aux champs, pria ceux de fon logis de le mener a la Ville, a quoy /a cunofite le portoit pour n y avoir jamais efte. Ces gens attelerent ^continent des afnes a un chariot, fur lequel ils mirent le pauvre fieillard, 6c le laiflerent aller tout feul. Voila cependant qu'en paP font chemin, lair fe couvrit tout a coup par la violence des pluyes ^de l'orage. Ainfi 1'obfcurite fut caufe que les afnes fe fourvoy-erent, & qu'ils jetterent dans une fofT 1'infortun^ Viellard, qui penfant a ion mal-heur5 Helas! Jupiter, difbit-il, en quoy t'ay-je ffenfe, pour eftre ii miferablement mis a mort, non par des che- avux
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LaVied"ESOVE. vaux courageux, ny par de bons tk forts mulets, mais par de mal-heureux afnes ? C'eft de la mefme faon que je m'attrifte, pourcc que ce ne font pas des gens de courage & dnonneu...
Show more LaVied"ESOVE. vaux courageux, ny par de bons tk forts mulets, mais par de mal-heureux afnes ? C'eft de la mefme faon que je m'attrifte, pourcc que ce ne font pas des gens de courage & dnonneur qui me font mounr 5 mais des hommes de peii, & qui ne peuvent eftre pircs qu'ils font. Cela dit, fur le poinci: qu'ils le vouloient precipker, il leur raconta cette autre fable. II advint un jour, qu'un Hon> me envoya fa Femme aux champs, pource qu'eftant amoureux de fa Fille, il avoit envie d'en abufer, comme en erTe<5t il riy manqua pas. Et ce fut alors que cette pauyre Fille toute dolente fe voy-ant prife par force; Helas! dit-elle a fon Pere, que tu fais la une chofe abominable! Certes j'aymerois beaucoup mieux eftre des-honoree de plufieurs, que de toy qui m'as engendree. Je vous fais aujourd'huy le mefme reprocne, 6 mefchans Delphiens, & vous protefte qu'il n'eft point de Scylle, &de Charybde, ny> point de Syrtes en Afrique, ou je ne cherchafTe a me perdre, pluftoft que de mourir indignement, & fans caufe. Je maudis voftre pays, & appelle les Dieux a t^moin de voftre Injuftice, bien afleure que je fuis qu'ils exauceront ma priere, 6c me vangeront. Il euft a peine acheve de parler ainfi, qu'ils le precipiterent du haut d'un Rochcr, & voila quelle fut la fin de fa vie. Quelque temps aprs, la Contagion s'eftant mife parmy eux, ils confulterent l'Oracle, qui leur repondit, Qu il falloit exper la mort d'Efoye. Sgachantdonc bien qu'eux feulement en 6toient coupables, ils luy dreflferent une Pyra-mide. Depuis les principaux d'entre les Grecs, & les plus f^avans hommes de ce temps-la, eftans advertis de la fin tragique d'Efope, s'en allerent tous en Delphes, ou s'eftans enquis de ceux qui avoient eft6 Autheurs de fa mort, ils en firent la vengeance cux-mefmes. .
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M.S OP I, Philofophice Fabulantis, V I T A. Jlti, & magni Nominis, viri, rerum humanarum Naturam aflecuti funt, & Pofteritati commendarunt, JEfopus vero, non fine Numine, videtur mul...
Show more M.S OP I, Philofophice Fabulantis, V I T A. Jlti, & magni Nominis, viri, rerum humanarum Naturam aflecuti funt, & Pofteritati commendarunt, JEfopus vero, non fine Numine, videtur multis parafangis fuperifle omnes in ea Philofophice parte qux ad Ethicam^ feu moralem difciplinam, pertinet; nam neque de-finiendo, nee ratiocinando fecundum Ariftotelem, neque ex Hiftorid admonendo, fecundum Socratem, & Platonem, fedfabulis prorfus erudiendo, pro ftatu illius temporis, fie audientium animosaucupatuseft, ut pudeat homines ra-tione preditos facere, aut fentire quidem, qux bruta animalia deliberate evita/Ie finguntur, ex quibus aliqua, pericula iniminentia diverterunt, altera maximam uti-litatem opportune confecuta funt. JEfopus igitur, qui vitam fuam, Idxam Rei-publics Philofophice, conftituerat, & qui rebus, magis quam verbis, Philofophum egit, Nationefuit Phryx, ex Ammorio oppido Phrygian cognomento Magna?, fed Conditione fuit Servus: Quam pulchre igitur & quam vere fuit illud Platonis Di&um, in fuo Gorgia, Plerunque inter fe funt contraria% Lex & Natura. JEfopi animum Natura liberum prseftabat, fed Fortune lex in fervitium tradi-dit; At ne fie quidem Animi libertatem potuit corrumpere, fed quamvis ad res varias, & ad incerta loca, corpus tranftulerat, a propri& tamen fede animum mo vere non potuit. JEfopus enim non folum fervus fuit, fed & omnium hominum, in tate qua degebat, deformofiffimus, nam obftipo fuit & acuto capite, depre/Iis na-ribus, collo reclivi, labris prominentibus, colore niger, unde & nomen adeptus eft (Idem enim JEfopus fignificatquod JEthiops j) pr^terea ventrofus fuit, valgus, 6c incurvus, forfitan & Therfitenin Homero turpitudine format fuperavit; fed quod peffioium omnium in eo fuit tardiloquentia, & vox bbefa, & inarticulata, Qux omnia videntur fervitutem JEfopo deftinafle; mirum etenim fuifTet fi tarn inha-bili & indecenti corpore fervitutis jugum aufugere potuiflet: led quamvis corpore tali, animo folerti/Iimo natura extitit, & ad omne figmentum feliciffimus. Magifter ipfius, tanquam ad nullum domefticum opus utilem, ad fodiendurn in agris emifit , JEfopus egreffus alacriter operi incumbebat, profed:o ad agros Hero, ut laborantes obfervarer, unus ex agricolis egregias ex arbore decerptas ficus dono tulit; Ille vero fru&us deleilatus puichritudine Agathopo Miniftro (hoc enim eratPuero, nomen) transferri ju/Iit, ut fibi a balneo revertenti apponeret: Quum ^ero fie eveniflet, ut JEfopus ob quandam neceilkatem Heri Domum ingrederetur, Agathopus occafione capta confilium tale confervo cuidam obtulit, Impleamur, dixit,yf place at) ficubus^ ac ft Her us nofter for fan requifterit^ nos contra ^Efopum tefles eritnuS) quod, in Domum ingreffus, ficus clam comederit, & huic fgmento mult a Mia mendacia fuperflruemus ; Nihily crede mihi^ unns ad duos valebit^ prtefertim pum fine ul/is probationibus quicquam diducere conabitur. % Hoc confilio inito, ad opus accefTerunt, & ficus devorantes, dicebant finguli cum nfa, Vatibi infalix JEfope ! Quum igitur Herus a Baloeo rediiflet,& ficus petiifTet, atJdivifTetque quod JEfopus eas comederat, ira excandefcens JEfopum ad fe vocari B juflit,
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' r JE& Vita M S O P I. juffit, & vocato ait, It'ane (0 execrande) me contempfifti, ut in penu non dubitaveris ingredi, & par at as mihi ficus comedere ? JEfopus audiebat quidem & intellig...
Show more ' r JE& Vita M S O P I. juffit, & vocato ait, It'ane (0 execrande) me contempfifti, ut in penu non dubitaveris ingredi, & par at as mihi ficus comedere ? JEfopus audiebat quidem & intelligebat, fed ob lingua tarditatem nullo modo refpondere poterat: Quum jam ad verbera traheretur, & delatores vehementer inftarent, procumbens ad heri pedes, ut pau-lulum morse fibi indulgeret, petivit j quo concellb, tepidam*aquam attulit, & quum bibiflet, digitis in os demiflis, rurfus aquam tepidam folum ejecit, nondum enitn per totum ilium diem cibum attigerat. Rogabat, igitur, ut idem & accufatores fa-cerent, ut manifeflum fieret quifnam fait qui ficus devoraflet: Herus, ingenium hominis admiratus, fie facerealios pepulitj Illiautem deliberaverunt bibere qui, dem aquam, fed non in guttur demittere digitos,at per obliqua tantum maxillarurn, hue, illuc,'circumferre. Vixdum autem biberant, quum, per tepidam illam aquam naufea potantibus indu&a, ficus comefas redderent: Tune igitur & maleficio De-latorum & calumnia ante oculos pofita, Herus juffit fervos flagro vapulare,qui mce. fti diftum illud agnoverurjt, Qui in alterum dolos (truii tibi injeius malumfabricat. Sequenti die, Hero in urbem reve&o, /Efopo vero, quemadmodum jufftis fuerat, in agris fodiente, Sacerdotes Dianse, five alii quidam homines in via errantes, in Mfopum inciderunt, & per govern Hofpitalem efflagitabant, ut viam oftenderet quse in urbem duceret: Ule, quum fub Arboris umbram viros prius adduxiflet, frugalepique appofuiflet coenam, in viam quam quserebant induxit; Viatores itaque turn ob hofpitalitatem, turn ob condu&um, mirum in modum, viro devindi, ma-nus in coelum elevarunt, & multis precibus benefad:orem remunerati funt. JEfopus reverfus, & in fomnum lapfus, prse afliduo labore, & torrido folis ^ftu, vifus eft fortunam fibi aft^ntem videre, & folutionem linguae, & fermonis habilita-tem, & Fabularum Sapientiam largientem, & non longo poft tempore excitatus, Papse, exclamavit, ut fuaviter dormivi, & quam pulchrum fomnium videre mihi vifus fum, & ecce expedite loquor, Bos, Afinus, Raftrum, & omnia alia verba, facile pronuntiare pofTum j & bene intelligo unde mihi Bonum hoc acceflerit, quia enira pius in hofpites fui, propitium mihi Numen confecutus fum: Ergo benefacere bonfr plenum eft fpe. Sic /<Efopus fafto ketatus rurfum ccepit fodere. Sed Prsefefto agri, cui Zenaj nomen erat,ad operarios profe&o, horum unum,quoniam erraverat in opere, fufte punivit; jEfopus autem exclamavit,C#r fie verberas eum qui nulla inju* ri& te affecit > Cur omnibus tarn temere plagas quotidie ingeris > Renuneiabo Hero pro* fefto. Quas quum Zenas accepiflet, non mediocriter obftupuit, & feeum ait, Quod *fopus loqui coeperit nihil mihi emolumenti foret; Praeveniens igitur ipfum coram Domino accufabo, antequam ipfe hoc idem faciat, & me Herus procuratione privet. Hxc fecum murmurans, ad urbem converfus, domi illius fe contulit: Cseterum quum turbatus & fronte parum lseta acceffiffet, Salvef inquit, Here; cui Ille, Quid perturbatus ades ? Zenas refpondebat, Res qutedam miranda in agro accidit: Et Herus, Nunquid Arbor ante tempus abortivum fruftum tulit ? An Jumentum aliquod prater Naturam genuitl Et ille, Non, Non, Sed M(o)us> qui ante a pene mutus erat, mnc loqui ccepit; Et Herus, Sic tibi nihil boni eveniat exiftimanti hoc monftrum ejfe: Et ille, Mitto opprobria qua in me yEfopus contumeliose dixit j In te autem, & in Deos ipfos horrende conviciatur. His Herus percitus, Zena, ait, tibi iiifopum trado, vende, dona, quod vis de eo facito. Quum Zenas in poteftate fu& JEfopum accepiflet, & in eum abfolutum imperium haberet, MJopo renunciavit j cui JEjopus placide dixit, Quodcunque volueris effice. Forte vero quum Mercator quidam Jumenta quaereret emere, & propterea per agrum ilium ubi /Efopus laboravit iter faceret, & Zenam pro Jumentis rogavit; Zenas refpondit, Jumenta non habeoyfed fi mafculum mancipium emere vis in prompts habeo. Quum vero mercator oftendi fibi fervulum pdtiiflet, & Zenas /Efopum ao cerfiflet, mercator eum intuens, & cachinriatus, dixit, Vnde tibi hac olla ? Vtrum truncus ejl arborisy an Homo ? Hic^ nifi vocem haberet^ plane mihi videretur ejfe uter inflatus; Quare mihi Iter rupifti hujus Piaculigratia ? Haec dicens abivit. jfcfopM autem
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Vita IE SO PI autem infecutus ipfum; Mane, inquit: cui Mercator converfus, Abi, inquit; a me (ordidifime canis : Et JEfopus, Die mihi, cujus ret gratifr hue venifti f Et Mercator, Scelefte, u...
Show more Vita IE SO PI autem infecutus ipfum; Mane, inquit: cui Mercator converfus, Abi, inquit; a me (ordidifime canis : Et JEfopus, Die mihi, cujus ret gratifr hue venifti f Et Mercator, Scelefte, ut aliquid honi emerem, tul non egeo9 quod tarn inutilis es: Et JEfopus, Erne nte, & Jfjw eft fides, plurimum te juvare poffum: Et ille, Qj4& in re9 quum penitus mihi odium fis, utilis effe prtes ? Et yEfopus, tfonne domi hales pueros flentes & turbulentos ? His pr&fice me Ptedagogum, & omnino eis pro larvfi ero ; Ridens igi-tur Mercator, Zence dixit, Quanti^ malum hoc vendis ? Cui Zenas^ Trihus ololis; JVfercator flatim tres obolos fblvenSj Nthily dixit, expofui, & Nihil emi. Quum igitur iter fecifTent, ac perveniflent in fuam Domuni, pueruli duo qui ad-huc materna fugebant ubera, JEfopo vifo, perturbati exclamaverunt, Et jfiLfopus ftatim Mercatori dmt^Habes jam meipromiffi probationem : Ule vero ridens; In-grefus, inquit, faluta confervos tuosl Introgrenum autem ac falutantem quum vi-derunt ilJi, Quodnam malumy inquiunty Hero noftro cont>igity utfervulum tarn defor* mem emerit ? Jed ut videtur pro fafcino Domusy ad avertendum omne malum, hunc ddeptus eft. Non multo vero poft Mercator, apparari res ad iter fervis maiidavit, quod poitridie in Jfiam profedurus eflet. Mi igitur ftatim vafa diftribuebant; Bfopus autem provide rogavit, leviflimum onus fibi concedi, utpote nuper empto, &nondum ad hxc minifteria exercitato ; His autem, & (I nihil portare velit, veni-am praebentibus , Ille, non oportere, dixit, omnibus laborantibus fe folum inutileni tfie: His igitur, quod portare vellet permittentibus, quum hue, & illuc circum-fpexiflet, & vafa diverfa congregiflet, una cum faccis, ftramentis, & caniftris,unum caniftrum panis plenum quern duo portare debebant fibi imponi pofcebat j Illi autem ridentes, & nihil ftultius efle^fopo affirmantes,qui paulo antea levi/Iimum rogabat portare onus, & nunc omnium graviflimum elegerat, oportere tamen de/i-derio ejus fatisfacere dicentes, fublatum caniftrum JEfopo imponebant; JEfopus, faumeris onere gravatis, hue & illuc dimovebatur; Hunc videns Mercator, admi-ratus eft, & inquit, JEfopus eft ad laborandum promptus, & jam fuum pretiumperfoU wtjuwen'ti enim onus, mifeSus port at. Quum autem in Hora prandii divertiflent, &fip*s, qui juffus fuit panes unicuique diftribuere, femlvacuum caniftrum, multis comedentibus, fecit, unde poft prandium leviore onere fafto, alacrius incedebat; Verum vefpere quoque pane illic quo diverterant diftributo, poftera die, vacuo hu-meris fublato caniftro, primus omnium ibat, ita ut confervis hunc pracurrentem videntibus, dubium eflet, utrum deformis eflet JEfopus,an quifpiam alius; Et quum propius accedentes cognoviflent eundem efle,admirabantur quod nigellus homun-cio folertius omnibus fecerit, quoniam qui facile confumerentur panes fuftulitj 5um illi ftramenta & reliquam fiapelledilem bajularent. Mercator quum eflet Epheji,alia quidem mancipia cum lucro vendidit, remanfe* flint autem tria, Grammaticus, Cantor, & JEfopus: Quum vero quidam ex familiars Mercatori fuafiflet ut in Samum navigaret, tanquam ibi cum majori lucro ^ndituro fervulos, quum illic perveniflet, Grammatkum, & Cantor em utrunque no-^vefteindutum in foro ftatuebat; fed Mfopum, quoniam totuserat mendofus,& jeformis, vefte ex facco ei circumpofita medium inter utrunque conftituit, ut & vi-aentes ftuperent, dicentes, Vnde hcec abhominatio qua & alios obfeurat ? /Efopus aMem, quamvis a multis morderetur, conftanter tamen ftetit, ad ipfos intuens. Xanthus Philofophus, qui tune habitabat Sami, profedtus in forum, & cernens s pueros belle ornatos in foro aftantes, & in medio illorum.//^>^m, admiratus Mercator is Commentum, quod turpem in medio collocaverat, ut appofitione rmi, pulchriores quam re vera erant, alteri adolefcentuli apparerent , Et pro* dspercontatuseftC^^/-m,(T^^#/? Et is, Cappadox ; TumX^ igitur fcis facere > Omnia refpondebat Cantor j Ad hxc ^Efopus rifit: ^ t>ilcipuli qui cum Xantho una eranr, ut viderunt ipfum ridentem, dentefque ^ndentem, ftatim monftrum aliquod fe videre arbitrabantur, & eorum uno, wSrte Hernia eft, habens denies, dicente j & alio, Quidnam videns rifit i Alio, non
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' Vita & S O P I. non nfiffe fed rugtffe : Omnibus autem volentibus cognofcere cur rififTet, n^s illorum accedens JEfopo^nqmt^Cujus rei gratia rifi(li> Et is, Abfctde marina Ovis: Ulo ve...
Show more ' Vita & S O P I. non nfiffe fed rugtffe : Omnibus autem volentibus cognofcere cur rififTet, n^s illorum accedens JEfopo^nqmt^Cujus rei gratia rifi(li> Et is, Abfctde marina Ovis: Ulo vero,eo fermone funditiis confufo, repent eque fecedente, Xanthus inquit Mer. catori; Quanti pretii eft Canter? IJlo autem, milk obolorum, refpondente, ada|. terum ivit, infolito vexatus pretio ; Atque & hunc rogitante Philofopho, Cujufnan forety & auditoLydum efe, niriufque rogante, Quid ergo fcis facere > Etillore. fpondente, Omnia ; iterum nfoJEfopus: Ex Scholafticis autem quodam fcifcitatite t&idnam hie ad otnnes ridet ? alius ei dixit, Si & vis tu marinus vocari Hircus rogay qutefo. Interea Xanthus rurfus rogavit Mercatorem, Quanti pretii Gramml thus; & illo tribus millibus obolorum refpondente, Philofophus segre tulit tarn im. rnenfum pretium, & domi fe ferebat. Difcipulis autem petentibus, An non placu* erint ei fervuli ? Placenta refpondebat9fed non in animo eft emere-Manciphtm prttl ofum. Uno autem dicente, Sed quid impedit^ ne turpis hie ematur ? qui idem obfe. quium, idem winifterium afferet, quod & alii; nos ergo pretium illius exponents, Xanthus refpondet, Ahfurdum ridkulum prorfus erit vos folvijfe pretium pr9 Jervuloj (0 me emijfe : Prteterea & uxor mea^munditi^e ftudiofiffima^ nunquam ferct a tarn dejormi ferviri mancipio. Scholafticis rursus dicentibus, fed nobilis eft Sen-tentia qux docet, quod, Fmmina non funt parendce ; Xanthus dixit, Faciamusprm periculum^ An fciat aliquid ? ne pretium incaffum pereat. Accedens igitur ad JEfo* pum, Gaude, inquit; Cui ftatim JEfopus, Numnam triftabar > Xanthus. procedit, Saluto te : Et JEfopus, Et ego te. Xanthus unacum aliis ftupefaftus inexpe&ato refponfo, rogavit, Cujas es ? Ille refpondet, Niger. Xanthus iterum, Non hoc pe^ fed unde natus es ? Et is, Ex vent re Mat r is mece. Et Xanthus rurfus, Non hoc dico, fed in quo loco natus es ? Et ille, Non renunciavit mihi mater mea^ TJtrum in loco fublimi^an in humili. Et Philofophus Quid autem facere nbfti ? Et ille, Nihil. Et Xanthus, Quomodo ? JEfopus refpondet, Quoniam Hi duo fe omnia novijfe profejfi fnnt9 & mihi nihil reliquerunt. Ad quse Schqlaftici vqhementer admirantes, Per Deos dixerunt optime refpondet: Nullus entm Homo eft qui omnia novit^ & ob hm Caufam etiam & ridebat* Rurfus Xanthus inquit, Vis ut te emam ? Cui JEfopus, Non hac in re me confultore eges : Wtrum tibi melius ejfe videbitur, aut emere, ant non ewere, facias ; Nemo enim quicquam vi facit; Hoc in tua pofttttm eft Voluntati: Et ft volueris^ crimena Januam aperi, & argentum numera ; fin verb minime> Ne milii vitio vert as, Rurfus igitur Dilcipuli inter fe dixerunt, Per Deos noftrum Praceptowt antecellit. Xanthus vcro quum dixillet5 Si te emero> an non a me aufugies > AZfoptts ridens refpondebat, Hoc ft vellem facere nullo wodo utar tuo conftlio^ ut & tu, panli antei meo. Et Xanthus, Bene dicis^fed deformis es, Cui JEfopus^ Mentem infpicen oportet^O Philofophe, & non gtbbojum^ non deforme Corpus. Ad Mercatorem igitur accedens, Xanthus dixit ei, Quanti hunc vendis ? Cui Mercator, Cur tali modo vlu* % p.eras meas werces ? formofis etenim pueris omiffis, deformem hunc elegifti: Alters horum erne, & in illorum Gratiamy Hunc autem AuUarium ac'cipe. Non certes, respond it Xanthus, Deformem hunc folummodb emam^ praterea Neminem. HaieM igitur, dixit Mercator, pro fexaginta obolis: Et Difcipuli, qui ad Xanthum perti-nebant,obolos confeftim collatos liberaliterexpofuerunt. Jfopof in Xanthi minifterium tralato, Publicani ingruente& aderant, & vefldi-r tione cognita, fcifcitantur, Quis vendiderit9 & quis emerit 1 At quum utrumq* puderet notes effe propter vilitatem pretii, JEfopus in medio ftans i/icut ift^ expofuimus^ exclamavit, Qui venditus eft, Ego fum; Q^i me emit^hic eft; Qj vendidity Ille eft ; Si verb ipfiprorfus tacuijjent, quidobftat^ quo minus ipfe liber Publicani, diffufi rifu, abierunt, donato Xantho Vedtigali. JEfopns igitur batur Xanthum domi proficifcentem : Quum autem meridianus Sol ael Xanthui inter arabulandum pallium attollens mingebat; quod Mfopus obfervatfi veftibus illius prenfis, retro ad feipfum Philofophum traxit, & inquit: QH0' celerrimb ut me vend as velim} aliter proculdubio aufugiam. Cui Xanthus, Qua r
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M S O P I Fahla. y A united rr,?i FAB. III. De Leone &* quatuor Tauris. iVatuor fuere Tauri qui inter fe invicem focietate initafadus fd-_J ciebant communem if forum effefalutem,...
Show more M S O P I Fahla. y A united rr,?i FAB. III. De Leone &* quatuor Tauris. iVatuor fuere Tauri qui inter fe invicem focietate initafadus fd-_J ciebant communem if forum effefalutem, &> commune periculum: Hoc obfervavit efuriens, &1 indignabundus Leo, qui quamvis grandi pwmeretur fame, conunWi tamen aggredi non aufus eft 5 hoc ergo confi-Ikm cepit, primum verbis faUacibus unum ab alter0 fegregavit, deinde fegregatos facile laniavit. MORALE. ADmonet h<ec Fabetia^ Concordia nihil efeftabilius, nihilfecurius^ formofa ell Falicitatis comes, qua mentes hominum aeque ac mania i unum ftabilita coeunt, qua Civitates & Iniperia augentur, qua vires ftik repeliuntur, propriezque crefcunt, qua homines fociabiles ispoli-tfiua Artes &> Ingeniaflorent, & ut cum Lucretio concludamus, Nonpretiofa mam Virtus contingere poflit, FABLE-
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8 De la Grenouille, & dw Renard. FABLE IV. LA Grenouille fortie de fon Marefcage, s'en alia dans les Forefts, oudevant les Beftes fauvages, elk voulut faire profeflion de Medecine, fe vanta...
Show more 8 De la Grenouille, & dw Renard. FABLE IV. LA Grenouille fortie de fon Marefcage, s'en alia dans les Forefts, oudevant les Beftes fauvages, elk voulut faire profeflion de Medecine, fe vantant qu' Hippocrate ni Galien n'en favoient pas davantage qu'elle. Les autres Beftes la creurent d' abord, hormis le Renard. qui fe mocquant d'elle 5 Comment fe peut il faire, dit-il, que cette Villaine, qui a la bouche fi pajle &fi livide, fqacbedes remedy aux maladies ? Si cela eft, pourquoy ne fe guerit-elle ? En effet, ce trait de raillerie que luy donna le Renard 5 ne fut pas mauvais: car la Grenouille a les lcvr.cs de couleurbleue, 6c toutes fletries. DISCOURS MORAL. C'Eft une fotife, & chofe digne de mocquerie de fe vanter de ce qu'on ne fgait pas. La Grenouille eft icy mocquee par le Renard pour s'attribuer une gloire qui ne luy eft aucunement deue. Combicn a t'elle aujoum huy d'imitateurs en la perfonne des Charlatans qui flatent les hommes pour les perdre. Ce font des fourbes qui n'ont ny Science ny Methode, &c qui fe vantant de toutf^avoir traitentles Malades de Remedes, qui font plutot de fecondsmaux. Apprenons done de cette Fable a nepascroire legerement ces fortes de gens qui nebutentqu*a leur avaritage, fans fe foucier du notre 3 imitons 1c Renard en examinant fi ceux qui fe vantent de bien fgavoir une Science la fgavent erTedive-nient, 5c ne foyons pas fi credules que d'ajouter foy a toutes fortes de Difcours 3 crainte que cela ne tourne a notre honte, 5c a notre rume. FAB. IV.
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The Fox and Frog. can Loyfir and ^pixngj Erog" detigu'd mongsft cnarm^s o powtsraul arts apeaXe, Soft teafe doe cceditr Jber except y Pox: Who vr loft LdHgater her itnpoitat^e ti jluAic/i n...
Show more The Fox and Frog. can Loyfir and ^pixngj Erog" detigu'd mongsft cnarm^s o powtsraul arts apeaXe, Soft teafe doe cceditr Jber except y Pox: Who vr loft LdHgater her itnpoitat^e ti jluAic/i no reall addon f>rot> to dwell V^aofe meagre Aipedr is o Leaae ^Ae, tp reforms rier cfwtK cLe&cb AndL"n.ob fca ilietn Experiencexct Bocbe^ are cWkrecl ^_ JTot from LoudLLoaTte But jfrom dktur. acres we 2 'cfxixtf. Structures ^trcuiaht to ruin drop Fab. IV. DeRank, Ty Attapaludibus vahdicers ^ &* novo vivmdigetters acquifito-jinfylw&y ^gloriabunda fefe tulit,& bejliarun? coronk circumjiipatay Medicine At-ttnipnblke profitcbatHr^ &> in her bis qux ad corpora cnr<mdapertinentynobi-hrentfevelGzleno, WHippocrate effe tiamttabat. Credula Befliarwfi gwsfidem facile adhibebant 5 vnlpe folummodo except & ^ qu<e fie gloriantl inidtbat) Infulfum, vagumqi animal ! Quid tarn vana blatteras ? Quid Artem nobilem prae te fers quam minime calles? livida pallidaq; ilia tua labra refpice ? Qnin Domi abi, & teipfum cura Medice ? Deindcad Bos redeas meliora forfan de te fperaturos ? Nihil rcjpondente Rana 5 fed tacitk fecum gemente fufpirii$ytoia befliarnm chachinnk refonabatfylva* Morale, ^ultitiam eornm argnit h#c FabeUa qni multupi promtttendo &* parkm prxftando dnmfpeciose certant altos antecellete^ fibimet ipfts miferrimi H Fas.
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I: IO De /' Afne mangeant its char dons. ABLE V. VN Afne charge des beaux viandes alloit en chemin>ou fortuiternent il encontra le chien defonMaiftre qui le voyant tout along man. geant d...
Show more I: IO De /' Afne mangeant its char dons. ABLE V. VN Afne charge des beaux viandes alloit en chemin>ou fortuiternent il encontra le chien defonMaiftre qui le voyant tout along man. geant des chardons, il dit a luy lourde Befte et parefTeufe ! tu manges des chardons, mais tu portes fur ton dos tels prouifions qui peuuent prouoquer Je plus delicat Appetit, et de quels Je moy mcfme fera par-ticipant. L'Afne repliqua a luy, Lescrouftes; paraduanture, etles os a toy peuuentpartenir) Mais quant a moy , ce que je mange en al< lant, eft plus agreeable a mon palate que toutes les diuerfites de Ja laniene, ou les vaines fuperfluites de le Cuifinier, ou de Paftifleur. . Le Sens Moral. "O Ar cette Fable nous apprenons, qu' vne honefte Mediocrite joynte *- a nature! appetit et a 1' aflurance de la Same eft preferable aux tons les Delicats; L'Ambition de ceux eft trop foible qui ne viuent pas que pour le orgueil, ou par le Luxe, et fongent tant feulement a faire voir leur magnificence a leurs femblables; Voila tout ce qui peut dire en faueur des perfonnes vaines, qui ne confifte qu' en certaines chofes extr em ement foibles, et fort peu confiderables. Pour ce, qui eft des deiices,dont fe vant 1' impertinent chien qui font les viandes exquifes, et delicates, les Vins excellens, etquantite d' autres douceurs qui ac-compagnent la vie des perfonnes releuees en condition, lepauure Afne a beau coup des chofes a y refpondre, principal em en t qu' il n' eft point au deflbus le chien en cela, puis qu' il ne 1' enuie pas; Car c' eft vne Maxime receiie parmy tous les gens d' Efprit, que 1" homme qui ne defire point vne chofe, n' eft pas moins heureux que celuy qui la pof-fede i De plus le chien compte fesdelices, 1' Afne allegue la puretede fesfontaines, etlegotift naturel defes bleds, par ou il femble qu'il | nousapprendquela vrayevolupteneconfifte pas dans le trop, mais dans Mediocre ; Et que ceux la font bien plus heureux qui fc,ayent en tout temps fe garantir des exces3que ces autres qui en peuuent toufiouf* faire.
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De FArondelle & des autres Oyfeaux. FABLE XVIII. AU temps que Ton commengoit a femer le linJ'Arondelle vou-lut confeiller aux autres Oyfeaux d'empefcher la femaille, difant qu'on leur avoit d...
Show more De FArondelle & des autres Oyfeaux. FABLE XVIII. AU temps que Ton commengoit a femer le linJ'Arondelle vou-lut confeiller aux autres Oyfeaux d'empefcher la femaille, difant qu'on leur avoit dreff6 des embufches 3 mais ils fe gaufle-rent d'elle, & luy dirent qu'elle eftoit une fotte Devinereffe. Depuis quand le lin fut fur le point de fortir de terre 6c de reverdri, elle les advifa derechef d'en arracher la femence 3 mais ils ne firent encore que s'en mocquer. A la fin comme elle vid gu'il commengoit a meurir, elle leur donna confeil de s'en aller piller les bleds 3 ce qu'ils ne voulurent faire, non plus que le refte. Alois l'Arondelle quittant la compagnie de tous les autres Oyieaux,rechercha celle de F Homme avec qui elle fait amitie^ d'oii vient qu'elle demeure maintenant avec luy & le rejoiiit de fon chant, au lieu que luy-mefme chafTe les autres, & fe fert du lin pour faire des rets <5c des lacets a les prendre. DISCOURS MORAL. C'Eft un grand malheur a ceux qui ne veulent point fuivre, le confeil des fages: Cela fe voit prefque tous les jours dans les concurrences humaines, ou la jeunefle meprife les enfeignemens des Viellards, & fe precipite inconfiderement en mille fortes de perils, caufez par fon increduiite. Outre le mal qui arrive de ne pas croire un bon amy cjui nous confeille fidellernent, on perd prefque tou-jours fon amitie, car fe voyant rebut6, il nous abandonne, ne pou-vant foufFrir d'eftre tenu pour fufpect en fa veritable arleclion. Ce qu'Efope a fort judicieufement remarqu^ en l'Arondelle quife retira d' avec les autres Oifeaux a caufe qu'ils avoient meprife les fages enfeignemens qu'elle leur avoit donnez. Heureux font ceux qui fervent profiter des bons confeils qu'on leur donne. FAB. XVIII'
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Le Bievre. FABLE XIX. 11 nous en devons croire les Maximes des Philofophes, les Ca-ftors demeurent la plufpart dans les Marefcage $ Les tefticu-les du Caftor font fouveraines pour plufieu...
Show more Le Bievre. FABLE XIX. 11 nous en devons croire les Maximes des Philofophes, les Ca-ftors demeurent la plufpart dans les Marefcage $ Les tefticu-les du Caftor font fouveraines pour plufieurs chofes qui regar-dent la Medecine, & c'eft la Caufe que quand il aper^oit les Vc. neurs s'approcher de luy, il eft fi. induftrieux que par un Inftinft naturel qull a, il s'arrache les tefticules, & les laiffe aux chaf-feurs, & par cette violence qu'il fe fait, il.trouve le moyen de fauverfavie. DISCOURS MORAL. ne font pas les plus hautes Inftmctions des Philofophes qui _j difpofent au mefpris de la Mort, & a la fouffrance des cala-mites. Car comme il eft plus aife de poutfer un cheval a toute bride que de le retenir au milieu de la Carriere, il eft de mefme bien plus difficile de degourdir noftre Ame, Farmer contre les mi-feres, & la porter dans le chemin de la Confolation, que d'arreftet tout a coup fes mouvemens, quand la bonne Fortune, ou la peur de Mort l'emporte avec violence au de-la de fes limites. Le Bievre en cette Fable nous apprend, combien il importe de deftourner les maux de la vie avec un bon & prevoyant Confeil, a quoy s'accorde le fentiment d'un memorable Poete en Angleterre. Laforee qui n a-point le Confeil pour fouftien, Se deftruit cTelle me[me, &.ne vaut jama'is rien. La vie eft douce, & il vaut mieux eftre demembre en fon Corps, que de fourf rir la violence des cruels & fanguinaires perfecuteurs. 11 eft vray que nous tenons de la naiflance un certain Inftincl: qui nous porte ordinairement aux actions qui tendent a la conferva-tion de noftre vie, & qui fe fortifie par l'experience 5 II eft done bon que nous fuivons cet Inftinct, fi nous voulons reulfir agre-ablement en nos Actions 3 a quoy certes il eft difficile que nous manquions, nous lai{fans conduire aux fecrets mouvements des chofes auquelles l'lngenieufe Nature nous a fait naiftre. Cette bonne Mere veut que fes Enfans ne s'efgarent point des fecxetcs Inftructions qu'elleleur a marquees. F/iB.
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Show more 'The Jay and Peacock. m/ ttrpud fer a tier i& A& put/ ~Bzil727Aenfrcm ienc& eack AadfafzaiTurv imm&, lHy for pwn Jftifdz sfie is recei?*$ ?zn2& j*c$7~n&, Mordl %A l?t toe. fate JbzzZe., hit fAe/lm- FAB. XLVIi. De Graculo & Pavonibm. ORnavit fe Graculm flumis Pavonis j Deinde, pulcbellus fibi ui-fu*, faftidito fuo genere contulit fe ad PavOnes, qui intelletla hudeftolidam avem coloribus n idarunt. ' MORALE. EXterna pulcbritudo, fi adfit interna, grata eft $ Quod ft alterutra, carendum eft, prxjiat ut exierna quam interna careas: Non debe-.** nos gerere <zquo fublimih, prefertim ft cum Mis vivimus, qui &> Stores funt & magvsnobiks, quoniam illi inopes qui funt f*pe fiunt, Infant ludibrio? FABLE
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Presented to the LIBRARY of the UNIVERSITY OF TORONTO by Sidney Fisher
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